
Depuis le prélude de la crise des réfugiés en 2015, les politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne font constamment objet d’un lynchage médiatique. La perversité de ces politiques migratoires est souvent pointée du doigt.
Dans cette série de 3 articles, nous allons aborder ce concept en l’examinant et en le retournant dans tous les sens.
Premier article : Eléments-clés pour comprendre l’externalisation des frontières
L’aide au développement, un ultimatum aux pays tiers ?
Pour certains chercheurs, les États membres de l’UE appuient financièrement les programmes des pays tiers en matière d’aide au développement. Et ce, en retour de mesures qui facilitent « l’expédition » des migrants « importuns ».
Ce stratagème est décrit par Frans Timmermans, premier Vice-président à la Commission Européenne, comme étant une démarche gagnant-gagnant « un mélange d’avantages positifs et négatifs pour récompenser ces pays tiers qui acceptent de coopérer avec nous et sanctionner ceux qui ne veulent pas. Cela signifie utiliser les politiques commerciales et de développement en tant que levier ».
Afin de cimenter l’externalisation avec les pays tiers, quelques États membres de l’UE instaurent des cadres de « dialogue sur les migrations et la mobilité ». C’est ainsi que le Processus de Rabat a été mis en place en 2006 (avec des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale).
Le Dialogue euro-africain sur la migration et le développement (Processus de Rabat) est un dialogue régional sur la migration. Depuis 2006, le dialogue offre un cadre de consultation réunissant les pays d’origine, de transit et de destination des routes migratoires reliant l’Afrique centrale, de l’Ouest et du Nord à l’Europe. Plus de 60 parties prenantes, y compris la Commission européenne (CE) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sont impliquées. Il en résulte un dialogue ouvert entre les administrations nationales sur les questions techniques et politiques liées à la migration et au développement. Source : Site officiel du dialogue Euro-Africain sur la migration et le développement
Pourquoi les politiques d’externalisation sont toujours descendues en flemmes ?
Selon le Centre belge de coopération au développement CNCD, les dérives de l’externalisation des questions migratoires sont nombreuses. Ce collectif note que la plupart des financements de l’UE aux programmes de développement sont utilisés pour subventionner les programmes liés aux politiques de contrôle des frontières. S’ajoute ensuite, l’option de non-respect des droits fondamentaux de migrants (le droit de demander l’asile et le principe de non-refoulement, le droit de quitter tout pays, y compris le sien, la liberté de circulation dans l’espace CEDEAO…). Ce noyau constate, également, que les négociations autour des accords UE-pays tiers se produisent sans consultation de la société civile et sans aucune supervision démocratique des parlements.
[…] Que se cache derrière l’externalisation ? […]